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derrière les vieux murs en ruines

Beauté des étoffes, des bijoux, des guirlandes de fleurs, des ors et des parfums ! Beauté d’Orient que je sens intensément et dont je fais partie !…


20 avril.

Des notaires causent dans une petite mesria[1]. Ils sont pareillement ennuagés de mousselines très blanches, d’une extrême finesse. Leurs turbans s’enroulent en plis réguliers, leurs djellabas impeccables s’ornent d’une simple ganse. Ils semblent plus immaculés que les autres.

Si Abd el Kader grasseye, selon la coutume de Fès. Ses joues molles retombent avec onction ; ses yeux laissent filtrer des regards atténués sous les paupières lourdes ; tout son être est imprégné de mansuétude.

Malgré l’apparence joviale d’une face rubiconde, ornée aux tempes de petites mèches frisées, Si Thami n’est pas moins patelin personnage. Il arrondit ses gestes, ne parle qu’à voix grave et lente, tel un azzab lisant le Koran à la mosquée. Le moindre propos l’effarouche, il ne se permet que d’insipides plaisanteries pieuses, dont il rit lui-même, d’un rire discret, tout enroué de pudeur.

  1. Pièce indépendante du reste de la maison, où le maître reçoit ses amis.