Et j’aperçois Marzaka, effondrée sur le divan, comme un coussin à moitié vidé de sa laine. Elle secoue la tête et gémit.
— As-tu vu cette autre !… la pécheresse… Ô mon malheur !… Ô mon malheur !… Elle m’a tuée !…
15 avril.
Curieuse sensation nocturne : je me rends à des noces chez le nakib des Chorfa Alaouïine[1], notre grand ami, Mouley el Kebir.
De nouveau, Lella Fatima Zohra m’a transformée en idole. Et je suis partie, enveloppée de voiles blancs, laissant à peine deviner mes yeux. Le capuchon de ma djellaba est retenu sur ma tête par une grosse cordelière d’or et de soie ; mon burnous de fin cachemire blanc flotte au vent du soir, il découvre parfois mes cherbils brodées d’argent, dans les massifs étriers niellés. Kaddour conduit ma mule par la bride ; un petit esclave de Mouley Hassan nous précède avec une énorme lanterne. Yasmine et Kenza, emmitouflées dans leurs haïks, ferment le cortège… Quelques passants rasent les murs, indifférents,
- ↑ Chef de la famille impériale dans une ville.