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derrière les vieux murs en ruines

insérée dans le testament de Sidi M’hammed ton père (Qu’Allah lui donne le repos !) pour entendre de toi, si tu consens à épouser, avec dot, selon la loi coranique, Mouley Hassan ton parent.

— Non ! Non !…

Lella Oum Keltoum a presque crié ces mots, par défi à sa mère. Son visage reprend l’air opiniâtre et mauvais qui lui est ordinaire. La petite chèvre se bute en un farouche entêtement.

Dans la salle close, les notaires doivent être consternés. Ils craignent la rancune de Mouley Hassan et la risée des gens. C’est la troisième fois qu’ils se dérangent inutilement pour cette fillette. Pareil refus, si contraire aux habitudes, — on les a fait venir afin d’enregistrer une adhésion, — leur paraît un scandale.

Après quelques moments de silence, l’un d’eux reprend, d’une voix persuasive :

— C’est notre devoir, Lella Oum Keltoum, de bien préciser nos questions pour éviter toute erreur. Nous te demandons si tu acceptes d’être la femme de Mouley Hassan en légitimes noces ?

— J’avais compris, et je dis : « Non. »

— Qu’Allah t’accorde son assistance !

Lella Oum Keltoum retourne, de son allure dédaigneuse, vers la salle où je l’attends.

Les notaires s’en vont. Ils dissimulent leur dépit sous une austérité de circonstance.

À travers la maison, les esclaves commentent la scène avec animation.