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derrière les vieux murs en ruines

omettre les formules de bienvenue. Elle renvoie ses négresses et s’affale, dramatique, sur le sofa…

— Chose étonnante ! Cette fille me tue !… En vérité sa tête est folle !… Hier soir elle avait accepté le mariage avec Mouley Hassan. J’envoyai aussitôt prévenir le Cadi. Or, ce matin, quand elle sut que les notaires devaient venir, elle a fait serment de répondre « Non » à toutes leurs demandes. Honte sur nous ! Honte sur la maison !

Marzaka se frotte les joues, elle essuie des larmes qui ne coulent pas, et se pâme, réellement bouleversée. J’aurais pitié de sa ridicule détresse, si je ne savais, par Lella Meryem, ce qui rend cette mère si favorable à Mouley Hassan : des bracelets de cheville déjà reçus, lourds et de bon argent, et le collier promis pour les noces, où les émeraudes et les rubis dépassent la grosseur d’un pois chiche. Son âme vile ne peut résister à l’appât d’un pareil présent. Vendre son enfant au Chérif, qu’elle respecte et qu’elle craint, lui paraît tout naturel.

— Que veux-tu de moi, et que puis-je en cette affaire ?

Marzaka sanglote presque, elle m’embrasse l’épaule ;

— Je suis réfugiée en toi ! Ô Lella ! Seule tu sais raisonner la tête de ma fille. Parle-lui !… Dis-lui de ressaisir son entendement. Elle a promis