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derrière les vieux murs en ruines

— Réponds-lui que j’y passerai demain, s’il plaît à Dieu !

Au bout de quelques minutes, Rabha revient, la mine de plus en plus mystérieuse :

— Elle demande que tu viennes tout de suite.

— Allons ! fais-la monter.

La messagère est une vieille, extrêmement noire et borgne, que Marzaka charge de ses commissions importantes.

— Le salut ! Ô Lella !

J’écourte les compliments.

— Tu porteras à ta maîtresse mon salut le plus excellent… qu’y a-t-il ? Pas de mal, s’il plaît à Dieu ?

— Il n’y a rien d’autre que le bien… Lella Marzaka te prie de venir maintenant.

— Pourquoi ?

— Pour voir Lella Oum Keltoum, répond la négresse, avec un certain embarras.

Je n’insiste pas… Accroupie dans un coin, Rabha écoute, attentive ; Yasmine et Kenza sont entrées, sans pudeur, pour surprendre notre entretien ; Kaddour rôde à travers la galerie, et je présume que Hadj Messaoud, au fond de sa cuisine, est déjà, comme les autres, informé d’un événement que j’ignore toujours…

Un silence insolite régnait chez mes voisines, Lella Oum Keltoum reste invisible ; les esclaves, muettes et en attente, prennent des allures solennelles, Marzaka doit faire effort pour ne point