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derrière les vieux murs en ruines

vipère, crache au visage de son époux, y trace des sillons sanglants avec ses ongles… Couple tragiquement mêlé qui roule sur le sol…

Kaddour tape comme une brute, aveuglé de colère. Il ne m’entend ni ne me voit… J’essaye de les séparer. Alors seulement, il s’aperçoit de ma présence. Et soudain, rendu à lui-même, il se relève, s’immobilise, correct, les pieds joints au garde à vous, et fait le salut militaire !…

Zeïneb, gémissante, reste affalée. J’avise Mina qui pleure dans un coin :

— Soigne ta sœur ! Et toi, dis-je à Kaddour, viens avec moi.

Nous sortons. Kaddour me suit, penaud, sans prononcer une parole ; son turban, plus désordonné que de coutume, penche vers l’oreille, son visage saigne.

— Honte à toi ! lui dis-je enfin, de battre ainsi ta femme ! Qu’avait-elle fait ?

— Elle bavardait avec les voisines malgré ma défense. Lorsque je suis rentré, rien n’était cuit, et elle m’accueillit par des paroles amères. Mina s’est jointe à elle. Ces femmes se liguent contre moi, je m’en débarrasserai… Je vais aller trouver le cadi pour répudier Zeïneb.