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derrière les vieux murs en ruines

sommes point efféminés comme ces citadins aux cœurs de poules… et nous descendons, par les mâles, plus directement du Prophète que par notre alliance avec les Alaouïine[1]… Je me souviens des séjours que je fis, en mon enfance, dans nos tribus de l’Atlas… Nous partions dès l’aube à la chasse aux fauves, précédés par des centaines de rabatteurs. Il y avait de nombreuses victimes parmi eux, cela compte peu, et nous revenions chargés de trophées importants… Au reste, mes cousins, les Chorfa, qui vivent encore à Ifrane, ne recouvrent pas leurs couches avec des brocarts, mais avec des peaux de lions…

Ses yeux flambent en évoquant de tels souvenirs, sa taille se redresse, sa belle tête à barbe blanche est celle d’un chef, d’un conquérant. Mouley Hassan a raison, un sang plus brûlant court en ses veines qu’en celles des paisibles amis avec lesquels, d’habitude, nous devisons. Il ne parle guère que de lui, de ses aïeux, de ses chevaux, de ses biens et de ses exploits. Mais sa vanité devient superbe d’atteindre de telles proportions en un tel cadre ! Il veut éblouir et ne ménage rien à cet effet. Un respect émerveillé l’entoure à cause de ses richesses, des tribus qu’il domine encore dans la montagne et de l’influence extrême qu’il possède sur son impérial cousin.

L’agitation grandit parmi les esclaves, leur

  1. Dynastie des sultans actuels.