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derrière les vieux murs en ruines

Alors la fillette releva ses caftans, les fixa soigneusement dans sa ceinture, laissant ainsi ses jambes et ses cuisses à nu, jusqu’au bas de son petit ventre noir. Puis elle prit la baguette et se mit à s’en fouetter elle-même, à coups cinglants, tandis que ses yeux s’emplissaient de larmes. Des lignes blêmes commencèrent à rayer sa peau. Lella Lbatoul, impassible, la surveillait.

— Comment se fait-il qu’elle frappe si fort ? murmuré-je.

— C’est qu’elle sait bien que, si elle ne frappait pas comme il convient, deux esclaves s’empareraient d’elle aussitôt et lui infligeraient, de leurs mains, un châtiment plus cuisant.

Quelques gouttes de sang glissaient le long des cuisses, et la négrillonne pleurait à gros sanglots, la bouche crispée, tout en continuant à se fustiger, consciencieusement, sans faiblesse, pour l’amour du petit terrah.


28 mars.

Vers le soir, à l’heure où s’embrasent les vieux remparts, il est doux et paisible d’aller rêver, boire du thé, parler un peu et contempler en silence, dans l’arsa de Mouley el Kebir, chef de la famille impériale.