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derrière les vieux murs en ruines

amies pour les abandonner ainsi ? Nous ne t’avons point vue depuis combien de jours ?

— Pardonne-moi, lui dis-je, j’étais invitée aux noces de Lella Henia, fille d’El Ouriki, j’y ai passé toute la semaine.

— Ah ! s’écrie une inconnue, esclave en visite dans la maison, c’est toi la femme du hakem ! Que tu es heureuse d’avoir un tel époux !… Il ne te ménage pas les parures. On m’a répété qu’à ce mariage tu portais un caftan de brocart vert et un izar splendide qui valait au moins trois réaux la coudée.

J’ai gagné beaucoup dans l’estime des Musulmanes, depuis que je rivalise de luxe avec elles. Lella Lbatoul me regarde encore plus amicalement. Il faut que je lui décrive mes toilettes successives dans leurs moindres détails.

— Habille-toi ainsi, pour venir me voir.

— Ô ma sœur ! Quand je revêts vos costumes, je ne circule, comme vous, que la nuit, et pour une fête.

— C’est juste, approuve-t-elle, tu connais nos coutumes… Pourtant j’aurais eu un extrême plaisir à t’admirer.

— Lorsque vous célébrerez des noces dans cette maison.

— Mais nous n’avons ici personne à marier, pas la moindre jouvencelle.

— J’attendrai donc que Si Ahmed te donne une co-épouse, dis-je en riant.