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derrière les vieux murs en ruines

— Tu étais la plus salée de toute l’assemblée ! déclare Kenza. Tu avais une démarche plus noble que les autres, on eût dit une femme du Dar Makzen[1]… Je ne regardais que toi ; et, te voyant si belle, mon cœur dansait !


23 mars.

Un petit terrah[2], portant ses pains au four, s’attarde à bavarder devant une porte. Je dérange son aventure, car c’est justement là que je me rends, et une tête ronde, noire, crépue, disparaît à l’instant où je m’engage dans l’impasse. Au fond du vestibule, je retrouve Minéta, la petite négresse bavarde et coquette. Elle me sourit de toutes ses dents et de ses yeux d’émail mauve.

Ce n’était que moi !… elle se rassure. J’ai, dans les harems, la réputation d’être discrète. Minéta ne craint pas que je la dénonce, elle regagne la porte avec une tranquille impudeur.

Lella Lbatoul buvait le thé, entourée de femmes. Elle m’accueillit par des reproches :

— Qu’est-ce que cette absence ? Tu oublies tes

  1. De la maison impériale.
  2. Garçon qui porte les pains au four et les rapporte à domicile.