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Saint-Honoré. On retrouve l’ancien lieutenant de vaisseau recevant aux portes de Paris les Marseillais de Barbaroux[1] ; le voici blessé cinq fois à l’attaque des Tuileries, le 10 août ; il court à Versailles, où il sait qu’un coup se prépare et il a la joie d’y voir massacrer, non sans y aider sans doute, l’ancien ministre de Lessart, l’un de ses « persécuteurs ». Accueilli par le Comité de sûreté générale en remplacement du Tape-Dur Maillard, l’homme de septembre, mort à la peine, Héron est mis à la tête des « agents d’exécution », bande de sacripants officiels qui, – sous le titre de « porteurs d’ordres », – rançonnent les suspects qu’ils ont mission d’arrêter, et s’adjugent le meilleur du butin : témoin ce Morel au domicile duquel on découvrit, après thermidor, une nombreuse argenterie d’église et de table, des pendules et autres effets[2] ; et cet autre, Longueville-Clémentière, qui entassait chez lui, dans des coffres, une telle quantité de bijoux, de montres, d’armes de prix, de pendules aussi, qu’il fallut plusieurs brancards pour apporter ces richesses au Comité[3].

Pourquoi l’Histoire se confine-t-elle dans l’étude des protagonistes de la Révolution ? En sondant leurs alentours, elle exhumerait un grand nombre de figures subalternes, dont l’examen dissiperait certains brouillards et résoudrait bien des énigmes. Héron est de ces inconnus que les grands historiens dédaignent ; il est pourtant le type achevé de ces

  1. Mémoires de Barbaroux, édition Dauban, 348. – « Il y avait là Héron, de Bretagne, franc comme tous les hommes de son pays, mais, depuis, mystifié par Marat. »
  2. Archives nationales, F7 477452.
  3. Archives nationales, F7 477425.