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essayant de se pousser en dépit des brocards et des avanies.

Maintenant que ce chétif élève de Rousseau se posait en « grand prêtre » et recréait Dieu aboli, le vieux Gascon voltairien ne tarissait pas de sarcasmes et, s’échauffant à ses propres goguenarderies, il décida qu’il fallait barrer la route à ce calotin fanatique et se débarrasser de « cette clique d’imbéciles qui voulaient se remettre à dire la messe ».

L’entreprise était ardue et on y risquait sa tête ; mais quand Vadier avait un projet, il n’en démordait pas aisément ; d’autant plus qu’il pressentait là l’occasion de faire rire et d’abattre l’Incorruptible par le ridicule, seule arme qu’il sût manier. Il lui fallait seulement trouver l’idée de vaudeville qui servirait de thème à ses gouailleries. Commandant à toute la police de la République, il disposait de limiers précieux pour ce genre d’investigation ; soit que le hasard le favorisât, soit qu’il eût touché mot de son projet à ses deux agents de confiance, – Sénar, louche personnage qui fouillait dans tous les cartons, et Héron, sorte de coupe-jarret cynique et formidable, – l’un de ceux-ci, – il semble bien que ce fut Sénar, – déposa certain jour un petit dossier sur le bureau de Vadier qui, dès le premier coup d’œil, déjà frétillant à l’idée du bon tour qu’il allait jouer, ricana, flairant le triomphe : « J’ai découvert le pot aux roses ! »