Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

et bientôt président de la Convention[1], mais, à mesure qu’il s’élève, il aperçoit, du sommet qu’il vient d’atteindre, d’autres obstacles et d’autres ennemis ; il lui faut de nouvelles armes : il presse la réorganisation du Tribunal révolutionnaire dont « l’inertie » l’inquiète[2] ; il « épure » les Jacobins : seront expulsés du Club tous les anciens nobles, tous les étrangers, tous les banquiers ; car, bien informé par on ne sait quelle police, il soupçonne de louches tripotages qui répugnent à son intégrité, et prépare ainsi une fournée de « corrompus » ; mais il y aura aussi la fournée des « exagérés », puis celle des « indulgents » ; s’il préconise la liberté des opinions, il n’admet pas qu’on pense autrement que lui : tout ce qui diffère de sa conception gouvernementale est « scélérat », et c’est l’hécatombe : la bande d’Hébert, – le père Duchesne, – coupable d’avoir stigmatisé « les ambitieux qui, plus ils ont de pouvoir, moins ils sont rassasiables[3]… » ; Danton et ses amis, Danton avec lequel, tout récemment, il a dîné au cours d’une partie de campagne à Charenton[4]. On s’est embrassé

  1. Il est élu président le 21 août 1793.
  2. – « La hache nationale repose et les traîtres respirent. » Moniteur, réimpression, XVIII, 17. Séance des Jacobins du 28 septembre 1793.
  3. Hébert, au Club des Cordeliers, a dit : – « Les voleurs ne sont pas les plus à craindre… (tentait-il de plaider sa propre cause ?) mais les ambitieux, les ambitieux ! Ces hommes qui mettent tous les autres en avant, qui se tiennent derrière la toile, qui, plus ils ont de pouvoir, moins ils sont rassasiables… ces hommes qui ont fermé la bouche aux patriotes dans les sociétés populaires, je vous les nommerai… » Cité par Wallon, Tribunal révolutionnaire, III, 34.
  4. Chez Humbert – sans doute le Humbert de la rue de Saintonge, devenu chef de bureau des fonds au ministère des Affaires étrangères.