lui commande de ne s’occuper que des chefs… leur punition épouvantera les traîtres et sauvera la Patrie ».
Ainsi périrent Vergniaud, Brissot et vingt de leurs amis ; ceux qui réussirent à fuir, les Guadet, les Barbaroux, les Buzot, et tant d’autres, succomberont après des mois de misère et de caches ; tous y compris Pétion, le cher Pétion des anciens jours, mourront en maudissant Robespierre dont leur fin déblayait la route. Tous ceux qui le gênent, tous ceux qui l’ont mortifié disparaissent : le vertueux Roland, auquel il ne pardonne pas ce qualificatif, insolent pastiche de son titre d’Incorruptible[1], le duc d’Orléans-Égalité, compétiteur dangereux, madame Roland qui l’a reçu, naguère, dans son salon et ne lui a témoigné qu’une confiance restreinte et une amitié un peu distante, Condorcet qui l’a dévoilé en lui attribuant tous les caractères, non d’un chef d’État, mais « d’un chef de secte » et a conseillé à ses amis « de ne pas lever la massue d’Hercule pour écraser cette puce qui disparaîtra dans l’hiver[2] ».
Débarrassé de ces ennemis, dans le vide qu’ils ont laissé, il paraît grand et fait illusion de victorieux ; le couteau de Charlotte Corday l’a délivré de Marat, concurrent extravagant, mais redoutable ; le voici nommé au Comité de salut public[3]
- ↑ Il l’accusait surtout « d’avoir dépensé des millions… payé quarante journaux et plus de cent commis » pour le déshonorer, lui, Robespierre, en envoyant à toutes les municipalités la brochure où Pétion le reniait. V. Réponse à Jérôme Pétion. Lettres de Robespierre à ses commettants, p. 407.
- ↑ Chronique de Paris, 9 novembre 1792.
- ↑ Moniteur, réimpression, XVII, 256. Séance de la Convention du 27 juillet 1793.