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hargneux que batailleur : lui qui a proposé l’abolition de la peine de mort, il vient d’obtenir la tête du Roi ; deux mois plus tard, il réclame, sans succès, celle de la Reine[1], avec une fureur semblable à de l’intrépidité, il fonce bientôt sur les Girondins qui le dédaignent. Il les signale aux Jacobins comme « aiguisant les poignards contre les patriotes[2] » et à la Convention comme « les plus vils des mortels et les assassins de la Patrie ».

Il se dit malade, épuisé par quatre ans de lutte ; il n’a plus la force de combattre ; mais il conjure la Commune « de s’unir au peuple… » et, le 31 mai, la populace s’étant soulevée à cet appel, il assomme Vergniaud d’une apostrophe décisive[3], puis il s’efface et laisse Marat parfaire la besogne. Et quand, en octobre, la Montagne complètera cette éclatante victoire par l’arrestation des soixante-quatorze députés obscurs, coupables d’avoir pactisé avec la Gironde, il ne s’opposera pas à cette mesure « qui honore à jamais la Convention[4] », mais, craignant que l’échafaud hésite devant un si grand nombre de têtes et que quelqu’un échappe de ses rivaux jalousés, il spécifie que « la dignité de l’Assemblée

  1. Moniteur, XV, 617. Séance de la Convention du 27 mars 1793.
  2. Le 26 mai. Aulard, Jacobins, V, 208.
  3. Moniteur, réimpression, XVI, 237. Séance du 31 mai : – « Vergniaud, à Robespierre, qui est à la tribune : – « Concluez donc ! » – Robespierre : – « Oui, je vais conclure, et contre vous. Contre vous qui, après la révolution du 10 août, avez voulu conduire à l’échafaud ceux qui l’ont faite ! Contre vous qui n’avez cessé de provoquer la destruction de Paris. Contre vous qui avez voulu sauver le tyran ! Ma conclusion, c’est le décret d’accusation… »
  4. Moniteur, réimpression, XVIII, 38. Séance du 3 octobre 1793.