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dévouement à la Constitution monarchique établie par la Constituante et solennellement acceptée par Louis XVI. Hésitait-il ? Ou bien, comme on l’a dit[1], attendait-il que le Roi lui offrît le poste envié de précepteur du Dauphin ? Il paraît certain que la Cour lui fit « des avances » ; lui-même l’a reconnu par une allusion « à ces partis qui tentèrent de le séduire[2] ». Il semble probable que son nom fut prononcé, – aux Jacobins, du moins[3], – quand il s’agit de désigner le gouverneur de l’héritier du trône, et peut-être entrevoyait-il des possibilités grandioses. Saura-t-on jamais ce qu’ont rêvé ces hommes qui, rien qu’en parlant, venaient d’abattre une monarchie quatorze fois séculaire, sans savoir ce qu’ils mettraient à sa place : un tribun ? un régent ? un dictateur ? un consul ? un protecteur ? Depuis l’escapade de Varennes, ce problème seul retardait la déposition du Roi, et chacun cherchait l’homme destiné à le remplacer au sommet de la République encore confusément désirée. Or, dans le peuple, celui qu’on nommait, c’était l’Incorruptible[4]. Désigner quelqu’un pour une place dont la

  1. Anecdotes relatives à quelques personnages et à plusieurs événements remarquables de la Révolution, par Harmand de la Meuse.
  2. À la séance de la Convention, le 25 septembre 1792. Moniteur, réimpression, XIV, 43.
  3. Louis Blanc, Histoire de la Révolution.
  4. Dès le 15 avril 1792, Robespierre était violemment attaqué aux Jacobins par Guadet et Brissot qui l’accusèrent formellement de se poser en idole du peuple pour le mieux subjuguer. V. Aulard, Jacobins, III, 526 et s. Quelques semaines plus tard, Clootz, partisan de la république universelle, écrivait : – « Le roi Louis XVI et le roi Robespierre sont plus redoutables à la France que les armées autrichiennes et prussiennes. » Répertoire Tuetey, IX, n° 2477. On peut voir aussi, sur le projet, – vague, – de proclamer, dès 1791, Robespierre et Danton, dictateurs, A. Mathiez, Le Club des Cordeliers…, p. 133, n.