Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée


C’était le salut ; avant même que cette dépense fût ordonnancée, beaucoup réclamèrent des acomptes. Robespierre fut-il de ceux là ? Ce qui est certain, c’est que, le 1er septembre, il touchait plus de 2.200 livres et se trouvait à l’abri du besoin[1]. Il ne changea rien à sa vie modeste ; quand, suivant le Roi ramené à Paris par le peuple, l’Assemblée tint ses séances au Manège des Tuileries[2], il se logea, au bout du Marais, chez un certain Humbert[3], rue de Saintonge, où, par économie, il s’était mis en ménage avec un « ancien capitaine de dragons », nommé Villiers, au sujet duquel on est mal renseigné. Si l’on ajoute foi aux anecdotes[4] que conta plus tard ce dragon, Robespierre « faisait trois parts » de son indemnité ; il s’en réservait un tiers ; un autre était régulièrement envoyé à sa sœur ; il destinait le reste « à une personne chère qui l’idolâtrait ». Cette « personne chère », ne serait-ce pas tout prosaïquement Buissart, et Robespierre, peu

    aux députés ne fut pas mentionné au procès-verbal de l’Assemblée ni inséré au Bulletin des Lois. Il existe en minute aux Archives de la Chambre des députés. Chacun des représentants recevait le montant de ses frais de voyage calculés à 5 livres par poste. E. Pierre, Traité de droit politique, électoral et parlementaire, p. 1324.

  1. 28 députés votèrent pour que l’indemnité ne dépassât pas 12 livres ; un seul vota pour 16 livres ; 286 pour 15 livres ; 28 pour 12 livres ; 55 pour 20 livres, 19 pour 24 livres et 822 pour 18 livres, chiffre qui fut adopté. Dépouillement des voix dans les bureaux pour ce traitement des députés. Archives nationales, C 27, pièce 196.
  2. Après un court séjour à l’Archevêché, v. A. Brette, Histoire des édifices…
  3. Humbert figure sur la liste des Jacobins.
  4. Villiers, plus tard « fructidorisé » a publié un petit volume, Souvenirs d’un déporté. On y trouve sur sa cohabitation avec Robespierre quelques pages qui ont souvent été utilisées et qui, peut-être, ne méritent pas tant de confiance.