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il dépensait peu : Clos, le lieutenant de police de Versailles, avait organisé, à l’usage des députés nécessiteux, deux tables d’hôte, l’une de cent couverts, à l’Hôtel Charost, rue du Bel-Air, où l’on dînait pour trois francs, l’autre à l’Hôtel des Invalides, avenue de Saint-Cloud, où quarante convives prenaient place et payaient le repas 25 sols[1]. Robespierre et ses trois rustiques compagnons devaient fréquenter ce restaurant économique, très voisin de leur domicile. Pourtant, sa pénurie était grande, et il paraît assez vraisemblable que, comme le rapporte Montlosier[2], il ait sollicité de madame Necker une place d’économe dans l’un des hôpitaux qu’elle avait fondés. Peut-être comptait-il mener de front son mandat de député et cet emploi qui lui permettrait de vivre moins parcimonieusement et de subvenir aux besoins de sa sœur Charlotte, restée à Arras.

Bon nombre de ses collègues du Tiers et du bas clergé souffraient d’un égal dénuement ; plusieurs, obérés par la vie dispendieuse de Versailles, songeaient à retourner chez eux, quand, à la séance du 12 août, sur la proposition du duc de Liancourt, les députés se votèrent, – à une unanimité bien rare, – l’allocation d’une indemnité quotidienne de 18 livres par jour, avec rappel depuis le 27 avril[3].

  1. Archives nationales, O1 354, notes obligeamment communiquées par M. Lesort, archiviste départemental de Seine-et-Oise.
  2. Cité par Hamel, I, 155, n. Il est certain que Robespierre fréquentait chez Necker ; madame de Staël raconte qu’elle causa une fois avec lui, en 1789, chez son père où, dit-elle, « on ne le connaissait que comme un avocat de l’Artois, très exagéré dans ses principes démocratiques ». Considérations sur la Révolution française. Chapitre XIX, 3e partie. Cité par Hamel, I, 544.
  3. Par une pudeur exagérée le décret attribuant un traitement