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Quant au clergé, il n’est pas d’artifices que les prélats n’emploient pour séduire les curés ; ils ont été jusqu’à insinuer que nous voulions porter atteinte à la religion catholique[1] ! » Il n’y a guère que les paysans avec lesquels il vit, et dont il est évidemment admiré, qui trouvent grâce à ses yeux : – « les députés d’Artois sont cités comme des patriotes décidés ; c’est ce qu’auront peine à concevoir ceux qui ont blâmé le choix des cultivateurs que renferme notre députation[2]. »

Il connaît pourtant quelques satisfactions d’amour-propre : ce jour du 10 juillet, par exemple, où il fait partie de la délégation de vingt-quatre membres chargés de porter au Roi le vœu de l’Assemblée sur le retrait des troupes cantonnées à Versailles ; outre un archevêque, un évêque, un duc, on a choisi les députés du Tiers d’opinion avancée ou dont la turbulence est notoire ; – peut-être les autres se sont-ils tous récusés, car la démarche est malséante ; – et il va au château avec Mirabeau, Barère, Pétion, Buzot qui, déjà, éprouve pour son collègue Robespierre, « cet homme à figure de chat », une aversion invincible[3]. La semaine suivante, Louis XVI rend visite à sa bonne ville de Paris et Robespierre se mêle au cortège. Il fait la route à pied, assiste à la réception de l’Hôtel de ville et va voir les ruines de la Bastille ; dans une longue lettre à Buissart, il note avec satisfaction qu’il y fut conduit par les citoyens armés de la

  1. Lettre de Robespierre à Buissart, 24 mai 1789. Paris, La Jeunesse de Robespierre, appendice C.
  2. Idem.
  3. Mémoires, de Buzot. Édition Dauban, 43, n.