Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée

au trône, les représentants du Tiers sont entassés, vu leur nombre, « sur des banquettes sans dossiers et très serrées[1] », à leur droite, le long de la colonnade, prennent place les députés de la Noblesse et, en face de ceux-ci, les délégués du Clergé ; entre les deux ordres privilégiés, le centre de la salle reste vide. Une foule d’élégantes occupe déjà les tribunes entre les colonnes, et le mouvement de cette installation se prolonge durant quatre heures.


OUVERTURE DES ÉTATS GÉNÉRAUX À VERSAILLES, LE 5 MAI 1789 (Gravure de Helman)

Vers midi enfin, il est terminé : le coup d’œil d’ensemble est splendide : la Noblesse, coiffée de plumes blanches[2], avec justaucorps à parements de drap d’or, l’alignement des soutanes rouges ou violettes des prélats assis au premier rang de la députation du Clergé[3], dans le fond moutonne l’entassement des bonnes gens du Tiers, en habits noirs et en petits manteaux ; sur l’estrade, les ducs et pairs, les gouverneurs de provinces, les quinze conseillers d’État, les vingt maîtres des requêtes, et, tout à coup un cri : Le Roi ! toute l’assistance debout, un grand vivat enthousiaste, tandis que Louis XVI, la Reine, les princes du sang, les princesses se placent, parmi de grands saluts et de profondes révérences, dans l’empressement des chambellans et des dames d’honneur.

Maintenant le Roi parle ; sa voix nette et claire s’élève dans le silence « auguste et majestueux »

  1. Moniteur, réimpression, I, 84.
  2. Grimm, Correspondance littéraire, XVI, 129. – « Le nuage de plumes blanches qui parut s’élever dans ce moment (quand le roi permit qu’on se couvrit) sur une grande partie de la salle offrit encore un coup d’œil assez extraordinaire pour ne pas être oublié. »
  3. Moniteur, réimpression, XXXII, 610.