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bruit et la résignation à la bataille ; discrets, d’ailleurs, au point qu’on ne sait pas comment Robespierre fut élu ; l’un[1] note « qu’il intrigua » ; l’autre[2], « qu’il cabala fortement » ; un troisième[3] écrit : « Pour l’honneur de mon pays, je dois tirer un rideau impénétrable sur tout ce qui s’est passé à l’assemblée dont j’étais scrutateur ; on ne parvint qu’au milieu des rixes, des injures et des déclarations les plus despectueuses… à nommer les députés. » Seul, un facétieux se fit l’écho de l’étonnement unanime ; dans un court persiflage où il comparait les élus de l’Artois, partant pour Versailles, à des chevaux prêts à entrer en piste : après avoir décrit les quatre percherons « lourds, noirs, épais, vrai attelage de roulier », de l’écurie n° 1, – le Clergé ; – les quatre coursiers de race, « vifs, légers, au pied sûr, et superbement dressés » de l’écurie n° 2, – la Noblesse ; – il donne le signalement des huit chevaux de l’écurie n° 3, – le Tiers État, – « bêtes campagnardes, sages, posées, prudentes, excellentes pour le labourage, plus propres au tombereau qu’à la selle » ; il en arrive à Robespierre : – « l’Enragé, double bidet à tout crin, emporté, ne connaissant ni le mors, ni la gueule, vicieux comme une mule, rue toujours et n’ose mordre que par derrière, crainte du fouet. On a été surpris de son admission ; mais on le dit destiné à faire le rôle de risible après les rôles brillants que vont fournir les Mirabeau… dont il

  1. Lenglet, confrère de Robespierre au barreau, à l’Académie et aux Rosati.
  2. M. Devienne.
  3. M. Dauchez, avocat au Conseil d’Artois.