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toute sa vie dans une position voisine du besoin ». L’avenir se présentait tragique ; il venait de louer, – en 1787, – un logement dans une maison de la rue des Rapporteurs, toute voisine de la place de la Comédie ; c’est celle qu’on montre encore comme étant « la maison de Robespierre », quoiqu’il ne l’ait habitée, au plus, que durant deux ans[1]. Car une occasion magnifique allait lui être offerte de sortir avec éclat de son irrémédiable discrédit et de fuir cette ville ingrate où il n’avait trouvé, depuis sa naissance, que catastrophes, tristesses, déboires et humiliations.

Quand, à la fin de janvier 1789, on apprit que Louis XVI convoquait l’Assemblée des États de toutes les provinces du royaume pour connaître les souhaits et les doléances du peuple, on eût bien fait rire les habitants d’Arras en leur prédisant que le robin hargneux, dont les démêlés avec ses confrères étaient légendaires, ferait partie de cette auguste députation. Déjà Robespierre s’évertue et, bravant le ridicule, il lance un manifeste À la nation artésienne, suivi bientôt d’un Avis aux habitants des campagnes et d’un troisième brûlot ayant pour titre Les Ennemis de la patrie démasqués ; il se démène, s’agite, il est partout, déclamant contre « l’oppression où gémit la ville d’Arras sous l’autorité de ses magistrats » ; dévoilant un horrible complot « tramé par les hommes ambitieux de l’administration municipale pour perpétuer le régime oppressif sur lequel ils fondent leur autorité, leur fortune et leurs espérances » ; caressant le

  1. Cette maison appartenait à la famille Du Fetel.