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à des avanies : un jour, ayant, dans un factum imprimé, diffamé, pour le besoin de sa cause, les moines d’Anchin, il est obligé, la rage au cœur, de faire amende honorable, et « sa fureur éclate publiquement à l’audience[1] ».

Un peu plus tard, en 1788, les avocats s’étant assemblés en conférence et ayant exclu Robespierre de cette réunion, celui-ci, aveuglé par la colère, lance, sous forme de Lettre anonyme[2], « une véritable déclaration de guerre » à ses confrères du barreau et aux procureurs, leurs complices. Ce libelle porte pour épigraphe : – « Il est bien difficile, quelque philosophie que l’on ait, de souffrir longtemps sans laisser échapper quelque plainte » ; et le maladroit déverse sa bile à flots contre « les anciens qui engloutissent toutes les affaires », fermant l’entrée du prétoire aux débutants « qui ne s’efforcent point à leur plaire ou qui ne peuvent y réussir ». Il se désigne lui-même comme étant leur victime, lorsqu’il ajoute : « De quelque talent que les ait doués la nature, quelque goût qu’ils aient pour le travail, ceux-ci doivent se tenir certains de végéter toujours… Triste alternative, sans doute, pour des jeunes gens bien élevés, ou d’être exposés à ne rien faire… ou de ne devoir son labeur qu’à des démarches humiliantes. N’est-il pas bien dur, en effet, d’aller mendier une cause dans l’étude d’un procureur dont l’air et le ton doucereux semblent dire : je vous protège ?… »

Ce trait d’orgueil révolté valait une signature ;

  1. Mémoires inédits de Liborel, cités par Paris, 76, n.
  2. Lettre adressée par un avocat au Conseil d’Artois à son ami, avocat au Parlement de Douai.