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de sauter : on comptait les morts par centaines[1], d’autres disaient « par milliers », et certains imputaient déjà la responsabilité de la catastrophe « aux aristocrates sortis des prisons ». Quoi qu’il en fût, la dépouille de Catherine Théot n’était plus digne de vénération ; on la jeta à quelque fosse commune et l’on porta à l’évêché, dépôt des effets ayant appartenu aux condamnés et aux détenus décédés, sa misérable défroque de prisonnière : « un jupon d’indienne, une camisole rouge, une paire de poches, une cornette, une paire de vieux bas. » Le commis, – jovial ou croyant, – qui consigna sur le registre la mention de ces objets, écrivit en marge au lieu du nom de leur défunte propriétaire : Mère de Christ[2].

Chez elle, en revanche, lors de l’inventaire, on trouva une garde-robe des plus complètes ; le linge le plus luxueux, « des chemises de batiste sans prix pour la finesse, des draps de coton de toute beauté, sans coutures, des mouchoirs des Indes et autres objets précieux[3] », qu’elle devait, sans doute, à la générosité de sa protectrice, la duchesse de Bourbon ; dix-huit chemises de femme en toile très fine et neuves ; des bonnets montés en valenciennes, en dentelle de Paris, en point d’Angleterre ; douze corsets ; des bas de soie gris ; une vingtaine de fichus en mousseline, tant unie que brodée ; un déshabillé de soie brochée ; plusieurs autres en toile à fleurs ou à rayures ; un jupon de soie blanche ;

  1. Aulard, Réaction thermidorienne, I, 72. – « Le nombre des morts transférés à l’École militaire monte à quatre cents. »
  2. Archives nationales, F7 329919.
  3. Archives nationales, F7 477527.