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des sciences, celle de Dijon, celle de Montpellier ; publie un mémoire bourré d’attestations scientifiques et juridiques, si bien que tous les corps savants s’intéressaient déjà, depuis plus d’un an, à l’affaire du paratonnerre audomarois, quand Buissart, auquel revenait tout le mérite, laissa la gloire à Robespierre en le chargeant de soutenir devant les juges cette cause retentissante.

Les débats s’ouvrirent en mai 1783 : Robespierre, mettant à profit l’occasion, plaida durant trois audiences et remporta un succès triomphal ; son plaidoyer fut imprimé ; des journaux de Paris le signalèrent et M. de Vissery, exultant, fit redresser sur son toit son globe, ses dards et sa lame d’épée[1]. Ses voisins ne pouvaient plus, après tant de démonstrations oratoires, mettre en doute l’efficacité bienfaisante des paratonnerres en général ; mais ils gardaient méfiance de la machine hétéroclite imaginée par leur concitoyen : ce qu’ils réclamaient, c’était une expertise, non point rédigée à distance par des savants de Paris, de Dijon, de Montpellier ou d’ailleurs, mais conduite par des spécialistes locaux qui examineraient l’appareil en litige. Sur quoi ils obtinrent satisfaction : les experts, au nombre desquels se trouvaient deux officiers du génie, déclarèrent « à l’unanimité » que le paratonnerre du sieur de Vissery « était érigé contrairement aux règles de l’art et qu’il ne pouvait subsister dans l’état où il se trouvait ». Il fut condamné et abattu[2],

  1. Robespierre et le procès du paratonnerre, 1780-1784, par Charles Vellay, docteur ès lettres.
  2. L’Indépendant du Pas-de-Calais, 25, 26 et 27 août 1891. Article de M. Pagart d’Hermansart : Le Paratonnerre de Saint-Omer.