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« groupées autour d’une vieille fille sèche, pâle, silencieuse », dont « un tremblement continu et de nombreuses plaies attestaient les souffrances ». Elle encourageait ses compagnes en leur serrant affectueusement la main ; celles-ci la regardaient avec attendrissement et respect. Toutes répondaient par oui ou par non, avec la plus parfaite indifférence, aux questions que les détenues leur posaient ; l’une d’elles cependant, plus communicative, se mit à déblatérer contre les prêtres, les couvents, le culte catholique, et, désignant la Mère, conclut : « Elle ne croit pas à ces momeries ; mais elle connaît le passé et l’avenir… » Parmi cet essaim de pauvres femmes, pour la plupart âgées et sans attraits, tranchait la jeune et jolie colombe, « fraîche comme la rose dont elle portait le nom[1] ».

Le concierge Haly se montra plein d’égards pour Catherine Théot et ses adeptes : il les logea dans le bâtiment appelé la Police où, isolées, elles pouvaient pratiquer en commun leur singulier culte. Pourtant elles communiquaient avec les autres prisonnières, s’exprimant « en termes concis, ambigus et prophétiques ». En prairial, l’une de ces femmes dit à la comtesse de Vassy, fille du marquis René de Girardin, emprisonnée comme agitatrice : « Dans deux mois, nous ne serons pas ici. – Je le crois, répliqua la comtesse ; Fouquier-Tinville abrégera notre captivité. – Non ! Lui, son tribunal, ses jurés, ses juges n’existeront plus. Tout changera en France. – Le trône

  1. Rose Raffet, l’une des deux Colombes.