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coup », annonciateur de son rajeunissement et de sa transformation en immortelle, la frapperait « sur la colline du Panthéon, dans une maison voisine de l’École de droit ». Or Le Plessis réunissait ces deux conditions : cette prison se composait de l’ancien collège de ce nom, agrandi d’une notable partie du ci-devant collège Louis-le-Grand ; on l’avait aménagée au printemps de l’an II pour servir de déversoir à la Conciergerie trop pleine ; c’était une annexe du « garde-manger » de Fouquier-Tinville et, avant même que les travaux fussent terminés, elle regorgeait déjà de détenus. Les femmes occupaient Le Plessis, Louis-le-Grand renfermait les hommes, et la direction de cette immense geôle était confiée au concierge Haly, marié à la charmante fille de Lebeau, le geôlier chef de la Conciergerie, – celle-là même qui fut la dernière femme de chambre de la reine Marie-Antoinette[1]. Un monde de porte-clefs, de guichetiers, de surveillants obéissait à ce couple sinistre.

Héron et ses sbires avaient amené au Plessis la Mère de Dieu et ses dévotes dans la soirée du 17 mai. Les détenues que contenait le bâtiment des femmes, déjà verrouillées dans leurs cellules, entendirent « un étrange vacarme » ; on étendit pour les arrivantes des couvertures sur le carreau des corridors et elles couchèrent là. Le matin suivant, à l’heure où l’on tirait les verrous, les prisonnières, curieuses de savoir qui étaient les nouvelles venues, se mirent à leur recherche ; elles les trouvèrent tranquillement assises dans la chambre des gardiens et

  1. Les Prisons en 1793, par la comtesse de Bohm, édition Lescure, 255.