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avec lesquels il est déjà en froid. Mais les clients sont rares, les causes de peu d’importance, les honoraires misérables. Vite à bout d’efforts, ayant épuisé ses minces ressources et celles de sa sœur, il est, au bout de l’an, obligé à résipiscence et demande asile aux époux Du Rut qui l’accueillent dans leur maison de la rue des Teinturiers[1].

La chance lui vint par l’entremise de son confrère Buissart, avocat moins soucieux de succès d’audience que de recherches scientifiques. Buissart collaborait régulièrement au Journal de physique et correspondait avec plusieurs savants ou soi-disant tels, au nombre desquels un habitant de Saint-Omer, M. de Vissery, redoutable inventeur qui se flattait d’avoir trouvé le moyen « de faire respirer à un plongeur au fond de l’eau un air frais et fortifiant », ce qui permettait de « marcher avec sûreté dans les eaux les plus profondes ». Vissery, enthousiasmé par la découverte de Franklin, avait élevé sur sa maison un paratonnerre, machine étrange et terrifiante, composée d’un « globe foudroyant armé de dards en différents sens » d’où sortait une longue épée menaçant le ciel. Les voisins, pris de peur, obtinrent de l’autorité la démolition de cet appareil ; Vissery dut obéir, mais il interjeta appel au Conseil d’Artois ; Buissart prit la cause en main et jura de la faire triompher. Il s’adresse à tous les physiciens et à tous les juristes connus, au Père Cotte, à Condorcet, à Guyton de Morveau, à l’abbé Bertholon, à Gerbier, à Élie de Beaumont, à Target ; il met en branle l’Académie

  1. J.-A. Paris, 41.