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des jurés du Tribunal révolutionnaire, Duplay eut la prudence de ne point parler : des témoignages favorables lui valurent l’acquittement ; mais on le retint en prison[1]. Vaguement compromis plus tard dans l’affaire Babeuf, il sortit indemne encore du long procès de Vendôme. Libre alors, il se remit au travail ; appauvri par ses longues détentions, il réussit, à force d’économies, à rétablir ses affaires et se rendit acquéreur de la maison qu’il tenait à bail depuis si longtemps ; il possédait d’autres immeubles dans Paris et des terrains dans divers quartiers[2]. Il mourut en 1820, âgé de 84 ans[3].

Sa fille, Sophie, mariée depuis 1789, ainsi qu’on l’a dit, à un avocat d’Issoire, nommé Auzat, se trouvait, à l’époque du 9 thermidor, en Belgique où Auzat exerçait, par le crédit de Robespierre, les fonctions de directeur des transports militaires de l’armée du Nord. On les arrêta tous les deux et, avec eux, Victoire Duplay qui les avait rejoints en voyage de plaisir. Ils furent conduits à Paris : Auzat protesta chaudement, reniant sans vergogne Maximilien, auquel il devait son lucratif emploi ; il imprima une Pétition à la Convention nationale[4], où il traitait le despote abattu selon le goût du moment : « Telle était l’influence du génie malfaisant de ce tyran qu’il devait après sa mort faire arrêter presque autant d’innocents qu’il en avait fait périr pendant sa vie. » Il renie même, pour plus de sûreté, la famille de sa femme : « Auzat et son

  1. Archives nationales, F7 4694.
  2. Répertoire des Domaines, II, 1504-3229.
  3. D’après l’inscription gravée sur sa tombe au cimetière du Père-Lachaise.
  4. Archives nationales, WIA 79.