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à l’échafaud, madame Duplay se tua dans son cachot : on la trouva, le 11 au matin, pendue à l’un des barreaux de sa fenêtre, en chemise, un mouchoir rouge sur la tête, les pieds liés d’un ruban noir. On retira de ses doigts crispés un anneau d’or, une bague de rubis ; des poches de sa robe jetée sur son lit, on sortit deux paires de lunettes, quelques pièces d’argent et des sous, ainsi que « des mémoires de dépenses ». Madame Duplay était restée jusqu’à son dernier souffle bonne ménagère[1]. Si grande était, en ces jours de délivrance, l’animosité contre les complices de Robespierre que les aristocrates détenus à « Pélagie » ne virent dans la fin de cette malheureuse qu’un motif à facéties ; l’un d’eux colportait la nouvelle en ces termes : « Citoyens, je vous annonce que la reine douairière vient de se porter à un excès un peu fâcheux. – Quoi donc ? Qu’est-il arrivé ? » s’écriaient Duplay père et fils, qui n’étaient informés de rien. « Citoyens, c’est un grand jour de deuil pour la France ; nous n’avons plus de princesse ! » Le menuisier ne comprit pas ; et le chroniqueur ajoute : « Ce qui nous amusa le plus dans tout ceci, c’est que, le soir même, Duplay fils donna dix francs à un guichetier pour aller s’informer de la situation de sa mère, qu’il croyait en liberté[2]. » Le fait est que les filles de madame Duplay tout au moins, ignorèrent longtemps, non point le décès, mais le suicide de leur mère, puisque trois mois plus tard, l’une d’elles, réclamant sa

  1. Procès-verbal du commissaire de police de la Section des Sans-Culottes. Stéphane Pol, Autour de Robespierre, 295 et s., note.
  2. Histoire des prisons de Paris et des départements, l’an V, II, 129.