Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/343

Cette page n’a pas encore été corrigée

exécutés sans jugement. Depuis l’origine du Tribunal révolutionnaire, on n’avait jamais vu fournée si nombreuse ; le 12, on guillotina ceux des municipaux, – une douzaine, – qui étaient parvenus à se soustraire aux premières recherches. Dans ces hécatombes figuraient plusieurs « séides » de Robespierre, entre autres Boullanger, Lubin, Lumière, Desboisseaux, le peintre Cietty, l’imprimeur Nicolas, dont les noms ont paru au cours de ce récit. On n’eut Coffinhal que cinq jours plus tard ; il s’était échappé de l’Hôtel de ville et dérobé aux poursuites ; travesti en batelier, il se réfugia dans l’île des Cygnes, où il demeura deux jours et deux nuits, n’ayant rien à manger que des écorces d’arbres. Poussé par la faim, il alla demander asile à un homme qu’il avait obligé : celui-ci le reçut, l’enferma sous clef, et courut chercher la garde[1]. Un membre de la Commune, un artiste, Beauvallet sauva sa tête en se cachant sous les combles de l’Hôtel de ville, où il vécut plusieurs jours du suif de vieux lampions remisés là, et de l’eau croupie amassée dans un sabot de rémouleur[2]. Deschamps, « le courrier » de Robespierre et son hôte à Maisons-Alfort, fut pris aux environs de Chartres[3], ramené à Paris et guillotiné sur la place de la Révolution[4].

Tout ce qui approcha Robespierre est traqué : les Duplay sont emprisonnés, le 10, à Sainte-Pélagie. Sûre qu’elle irait, le lendemain,

  1. Wallon, Tribunal révolutionnaire, V, 268.
  2. Deuxième rapport de Courtois, 152.
  3. Archives nationales, WIA 439.
  4. Courrier républicain, du 6 fructidor.