Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/340

Cette page n’a pas encore été corrigée

de constater leur identité : deux employés du tribunal remplirent cette formalité. On apporta dans le prétoire quatre civières : sur l’une gisait Robespierre, sur l’autre son frère, les reins brisés, presque mourant ; sur la troisième, Couthon ; sur la dernière, Hanriot, enfin retrouvé dans une petite cour de l’Hôtel de ville, où il s’était jeté d’une fenêtre sur un tas de fumier[1]. Les autres étaient Saint-Just, Payan, Dumas, arrêté la veille à ce même tribunal sur son siège de président, le cordonnier Simon, plusieurs autres membres de la Commune rebelle et Lescot-Fleuriot, le maire de Paris. Quand celui-ci parut, Fouquier-Tinville, qui était son ami, eut un geste théâtral et digne : il déposa son écharpe et sortit de l’audience, laissant à Liendon, son substitut, le soin de requérir[2]. L’appel terminé, sans aucun débat, les vingt-deux furent livrés au bourreau. Nul détail sur leur attitude, à ce moment terrible où on dépouillait les condamnés de leurs bijoux et de leur argent et où on les parait pour la mort. Trois charrettes attendaient dans la cour du Palais ; quand, vers six heures, on commença à y charger les moribonds, éclata dans la foule, pressée, un grand bruit d’applaudissements et de clameurs joyeuses, qu’ils ne devaient plus cesser d’entendre ; sur tout le parcours, en effet, depuis la Conciergerie jusqu’à la place de la Révolution, – car un décret de la Convention ordonnait que, pour plus de solennité, l’exécution aurait lieu sur cet emplacement, où l’échafaud n’avait pas été

  1. Moniteur, réimpression, XXI, 346, et deuxième rapport de Courtois, XXXI2 et XL.
  2. Wallon, Tribunal révolutionnaire, V, 252.