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leurs tantes ; Françoise était morte au printemps de 1780.

Dès le retour de Maximilien, on s’occupa de liquider la succession Carrault. Du Rut fut intraitable ; il exigea le remboursement des sommes jadis empruntées à sa femme par François de Robespierre. Tout compte fait, il restait à Maximilien pour sa part d’héritage 76 livres 12 sols, à peine de quoi se procurer la robe et la toque qui allaient être son gagne-pain[1].

Cette période de la vie de Robespierre a été présentée par ses apologistes comme une ère d’incessants succès et de réputation grandissante. C’est là quelque peu maquiller la réalité. Le vrai, c’est que ses compatriotes, cœurs généreux et âmes sensibles, s’intéressèrent unanimement à lui, en raison de ses malheurs, de sa pénurie et de sa louable obstination à conjurer le mauvais sort. On s’ingénie à l’assister : il est admis sans retard à plaider devant le Conseil d’Artois ; M. de Madre, l’un des présidents de cette cour, le prend comme secrétaire, et l’évêque d’Arras le nomme juge au tribunal épiscopal, dont la juridiction s’étendait sur une partie de la ville et une vingtaine de paroisses environnantes[2]. Assuré ainsi de ne pas mourir de faim, Robespierre se met en ménage avec sa sœur Charlotte et se loge rue du Saumon, refusant l’hospitalité que lui offrent son oncle et sa tante Du Rut,

  1. J.-A. Paris : 41, n.
  2. Bibliothèque nationale. Manuscrit. Nouvelles acquisitions françaises, 233, fol. I. Nomination par Mgr de Conzié, évêque d’Arras, de maître Maximilien-Marie-Isidore Derobespierre, avocat au Conseil d’Arras, comme homme de fief gradué du siège de notre salle épiscopale. 1782.