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midi : Charlier présidait[1] par occasion, remplaçant Collot exténué : « Le lâche Robespierre est là, dit-il ; voulez-vous qu’il entre ? – Non ! non ! » cria l’Assemblée, soudain réveillée de sa torpeur ; ainsi apprit-elle que sa victoire était complète. L’ordre fut donné de déposer le tyran au Comité de salut public ; ses porteurs l’étendirent dans l’antichambre « sur une table d’acajou[2] » ; on appuya sa tête vacillante contre une boîte de sapin. Au salon voisin, ses anciens collègues, revenus de leurs transes, se restauraient et buvaient copieusement[3].

Dans l’antichambre encombrée de gens venus pour le voir, Robespierre, couché sur la table, est immobile et livide comme un mort, les yeux clos, sans chapeau, sans cravate, sa chemise ouverte, tachée de sang ainsi que son habit bleu violacé et sa

    lumière, je le tire au hasard, je le manque, mais je blesse à la jambe celui qui le portait. » Il y a, dans ces quelques lignes, une corrélation assez frappante avec la déclaration du compagnon peintre Laroche, rapportée ci-dessus. C’est bien Couthon que « tira » Méda, et c’est, en effet, Couthon que « les grenadiers traînèrent par les pieds jusqu’au quai pour le jeter à la Seine ».

    Méda, simple gendarme à l’époque du 9 thermidor, réclama, comme récompense, le grade de général. On le promut sous-lieutenant. Il faut, d’ailleurs, lui rendre hommage : colonel, en 1812, du 1er régiment de chasseurs à cheval, il fut tué à la Moskova, au moment où l’Empereur, pour sa belle conduite, le nommait général de brigade.

  1. Moniteur, réimpression, XXI, 3422.
  2. 2e rapport de Courtois, 72, note. Suivant une tradition fort ancienne, cette table serait celle qui se trouve actuellement aux Archives nationales dans la chambre à coucher du prince de Soubise.
  3. Archives nationales, AFII 32, p. 363. Dépenses faites par les représentants du peuple, dans la nuit du 9 au 10 thermidor, par Mathey, garçon de bureau de la section de la Guerre au Comité de salut public : – « 23 bouteilles de vin, dont treize à 40 sols et dix à 50 sols ; quatre pains de 4 livres, 3 livres ; un jambon, 18 livres ; 8 côtelettes, 6 livres ; pêches, abricots, prunes, 6 livres 15 sols. »