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et ce sont eux qu’a rencontrés sur le quai Élisabeth Le Bas[1]. Soutenus par la troupe de Barras qui, en deux colonnes, se dirige aussi vers la Grève, ils arrivent enfin un peu avant deux heures et demie du matin sur la place… Elle est absolument déserte[2] ; un certain nombre de sectionnaires est groupé sous les deux arcades de la Maison commune, comme pour en garder l’accès, et la porte centrale est obstruée d’une foule que l’encombrement du porche empêche de refluer à l’intérieur. De défenseurs point, en apparence du moins. Seulement, les sept hautes fenêtres de la grande salle, et les deux fenêtres du salon du Secrétariat[3] qui lui fait suite, découpent dans la nuit leurs rectangles lumineux. La Commune n’a donc pas levé sa séance ; elle reçoit en ce moment une députation des Jacobins, au nombre desquels le menuisier Duplay[4], et le serrurier Didiée, deux intimes de Robespierre.

Le cortège des conventionnels, débouchant du quai sur la place, s’arrête à distance respectueuse ; l’Hôtel de ville est peut-être miné ; ses occupants vont le défendre énergiquement. Tandis que les émissaires de la Convention délibèrent, on aperçoit, à trente pieds du sol, un homme sorti d’une des fenêtres du Secrétariat, debout sur l’étroite corniche du premier étage, parmi les lampions qui s’éteignent ; il tient ses souliers à la main ; il

  1. Elle écrit avoir reconnu Barère et Bourdon. Il ne semble pas que Barère ait été du nombre de ces orateurs ambulants.
  2. Déclaration de Dulac. 2e rapport de Courtois, 211.
  3. Ou salle de l’Égalité. Déclaration de Bochard, concierge de l’Hôtel de ville. 2e rapport de Courtois, XXXVI, 201.
  4. 2e rapport de Courtois, 123.