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En voyant l’armée révolutionnaire se retirer, la citoyenne Le Bas qui, vraisemblablement, est restée à la Grève espérant revoir son mari, juge qu’il ne se passera rien de décisif avant le matin ; en retournant chez elle, elle rencontre, sur le quai de Gesvres, un cortège qui la terrifie : trois députés à cheval proclament la mise hors la loi des conspirateurs[1]. La Convention, en effet, s’est ressaisie depuis qu’Hanriot ne l’assiège plus ; elle a nommé Barras, l’un de ses membres, commandant général de la force armée, et celui-ci, aussitôt muni d’un plumet et d’une écharpe[2], s’est mis en campagne. Il ne dispose que de 4.000 hommes, tous citoyens réactionnaires ou modérés, et projette seulement de protéger la retraite de l’Assemblée « vers les hauteurs de Meudon[3] ». En même temps, une douzaine de députés se sont offerts à parcourir les rues pour ramener le peuple égaré : chacun d’eux s’arme d’un sabre, se ceint, comme Barras, d’une écharpe tricolore ; précédés de tambours et d’huissiers porteurs de torches, entourés de policiers, d’agents des Comités, de gendarmes, ils s’arrêtent aux carrefours, donnent lecture d’une proclamation et du décret de mise hors la loi. L’effet est théâtral ; de halte en halte, ils se rapprochent de l’Hôtel de ville,

    Bibliothèque de l’Observatoire, AFI 14, VI. Un observateur particulier, qui notait avec grand soin, mais sans précisions scientifiques, la température de chaque jour, indique, pour le 9 : il a plu un peu le matin – pour le 10 : il a plu un peu l’après-midi. Le premier orage qu’il signale est du 12 thermidor, après une journée d’écrasante chaleur. Journal inédit de Célestin Guitard, demeurant place Saint-Sulpice, à l’Académie de Vaudeuil.

  1. Récit d’Élisabeth Le Bas.
  2. Archives nationales, AFII 47, 365, pièce 26.
  3. Mémoires de Barras, I, 194.