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de le décider ; enfin on l’apporte, très ennuyé, à l’Hôtel de ville, vers une heure et demie du matin[1].

Piètres dictateurs ; dès qu’ils sont là, l’énergie du corps municipal, si hardi au début de la lutte semble faiblir ; ce serait le cas « d’improviser la foudre », et on ne fait rien. Robespierre prononce un discours ; trônant au fauteuil, à côté du maire Lescot-Fleuriot, il reçoit le serment de diverses députations de sections ; prétexte à nombreuses harangues. On échange aussi quelques horions : un fripier qui est là, Juneau, s’étant permis d’insinuer que la Convention n’est pas uniquement composée de scélérats, est fortement houspillé ; on lui prend son chapeau, on lui déchire son habit, on l’amène à Robespierre qui le juge sommairement : « Assommez-le ! Assommez-le[2] ! » On écrit aux armées, qui sont loin et ne s’intéressent guère, par bonheur, à ce qui se passe à Paris. Puis, fatigué du bruit, Robespierre demande à se retirer dans le salon voisin avec ses amis. Ils y tiennent conseil, sans se résoudre à rien. Attendent-ils le jour pour marcher sur la Convention ? Espèrent-ils qu’elle ne pourra se passer d’eux et se dissoudra d’elle-même, ou que le peuple fera seul la besogne ? Le peuple ; il est comme la servante de la citoyenne Lescot : il voit bien « qu’il y a du train », mais il n’en démêle point les causes. Comment choisirait-il entre deux partis dont chacun l’invite « à

  1. Déclaration de Petit, concierge de la prison de Port-Libre, 2e rapport de Courtois, pièce XXXV, p. 198.
  2. D’Héricault, La Révolution de thermidor, 461. Juneau réclama le prix de sa redingote – 120 livres – et de son chapeau – 20 livres.