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l’avaient accompagné furent aussitôt emprisonnés, coupables d’avoir « porté la main sur l’ami du peuple ».

Robespierre ne veut plus maintenant quitter cet asile sûr ; en vain la Commune lui envoie-t-elle une députation chargée d’une invitation pressante : « On a besoin de tes conseils. Viens sur-le-champ[1]. » Il refuse de bouger : c’est pour sa cause qu’on a soulevé Paris, et il prétend attendre, loin du danger, l’issue légale de l’événement. La commune insiste[2] ; il est manifeste que le grand désir de tous est de répartir les responsabilités et de se compromettre personnellement le moins possible. Aussi a-t-on expédié un fort détachement de cavalerie pour tirer Saint-Just de la prison des Écossais[3] ; il vient d’entrer à l’Hôtel de ville. C’est Robespierre maintenant qu’on y veut avoir : le matamore Hanriot, infatigable, remonte à cheval, galope jusqu’à la Mairie, enlève l’Incorruptible et le ramène à la Commune où son entrée suscite des acclamations délirantes et « des embrassements réitérés[4] ». Il ne manque plus que Couthon qui, lui aussi, tranquille à la prison de Port-Libre, ne demanderait qu’à être oublié ; Robespierre le fait chercher par les gendarmes qui doivent parlementer un bon quart d’heure avec l’infirme avant

  1. Archives nationales, F7 4436, cité par Wallon, Tribunal révolutionnaire, V, 235-236.
  2. Extrait du procès-verbal de la Commune : – « Le citoyen Maire demande qu’une députation soit chargée d’aller chercher Robespierre l’aîné et de lui observer qu’il ne s’appartient pas, mais qu’il doit être tout entier à sa patrie et au peuple. » 2e rapport de Courtois, 196.
  3. É. Fleury, Saint-Just et la Terreur, II, 361.
  4. Archives nationales, F7 4432.