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de la Révolution », et dont « la présence, le but, la fortune étaient autant de problèmes » ? Tant que cette énigme demeurera sans solution, on ne pourra se flatter d’avoir pénétré les dessous de l’étonnante histoire de Maximilien Robespierre.

La bourse dont il était titulaire lui conférait le droit de rester à Louis-le-Grand jusqu’au diplôme de médecine, de théologie ou de jurisprudence ; il continua donc d’habiter le collège, logé et nourri gratuitement, durant les quatre années consacrées à ses études de droit. Libre de sortir à sa guise dans cet ensorceleur Paris, si nouveau pour lui et qui dérégla tant d’autres, il vécut, le cœur fermé et sans jeunesse, harcelé par son idée fixe de prédominance. Il occupait les loisirs que lui laissait la Faculté à étudier la procédure chez le procureur Aucante, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie[1].

  1. – « Chez le procureur au Parlement Nolleau » écrit Ernest Hamel. Ce n’est pas possible : Nolleau, procureur depuis 1743, avait, en 1774, cédé son étude à son fils qui, deux ou trois ans plus tard, la cédait, à son tour, à Aucante. Or Robespierre devait terminer sa philosophie seulement au début de 1778. M. Cl. Perroud, dans les précieuses notes de son édition des Mémoires de Brissot qui fut premier clerc chez Me Nolleau, en 1774, établit que les deux futurs conventionnels, Brissot et Robespierre, ne purent être en même temps clercs dans cette étude, et considère comme apocryphes les lignes où Brissot dépeint son jeune confrère comme « ignorant, étranger à toutes les sciences, incapable d’idées, incapable d’écrire, et parfaitement propre pour le métier de la chicane. Je suis encore à concevoir, ajoute-t-il, comment un tel individu exerce une influence si grande et si fatale sur le sort de la liberté ». On pourrait, semble-t-il, admettre que Brissot, à son troisième séjour à Paris, de 1780 à 1782, sur le point d’être reçu avocat et « menant de front les études de droit, de philosophie et de littérature », fût rentré pour quelque temps à l’étude Aucante et y eût alors connu Robespierre. V. Mémoires de Brissot, édition Perroud, I, p. 101. En 1790, Aucante est désigné à l’Almanach royal comme successeur de Charpentier de Beaumont et « aux pratiques L. Lefebvre et Nolleau jeune ».