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armes sont ses décrets, met « hors la loi » les insurgés et leurs complices. Hors la loi ! c’est la suppression sans phrase, la condamnation à mort, soustraite à l’aléa du procès. Hors la loi Hanriot, Robespierre, Le Bas, Saint-Just, toute la Commune rebelle… Mais que peuvent ces sanctions contre l’émeute déchaînée ?

Pourtant, il est neuf heures et demie ; la nuit est tout à fait tombée, aussi brûlante que le jour. Hanriot n’attaque point ; à ses côtés titube Damour, l’officier de paix de la section des Arcis, ivre à ne point se tenir debout et serrant sur son cœur les cordes qui ont lié son général : « Les voici, ces cordes, elle valent pour moi une couronne civique ; je ne les donnerais pas pour un million[1]. » De son côté Hanriot pérore toujours. Le vrai, c’est que lui, ni personne, n’ose rien d’irrémédiable. L’insurrection est sans chef ; nul ne veut assumer la responsabilité du premier coup de feu, et la bataille se passera en discours, en jurons, en galopades. Et, tout à coup, Hanriot commande demi-tour et emmène toute sa troupe vers l’Hôtel de ville, où il est reçu en triomphateur. Robespierre jeune et Le Bas sont là ; mais Maximilien ? Qu’est-il devenu ? On le sait maintenant : à la prison du Luxembourg, où il est arrivé vers sept heures et demie, suivi « d’environ deux à trois mille badauds[2] », le concierge a refusé d’ouvrir sa porte ; l’ordre de la Commune est « de ne recevoir aucun

    en second commandant la deuxième pièce de la section Mutius Scævola.

  1. Archives nationales, WIA 80.
  2. Déclaration de Guiard, concierge du Luxembourg. Archives nationales, WIA 79.