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sont désastreuses : la Commune est en insurrection ; les Jacobins pactisent avec elle ; le tocsin tinte à l’Hôtel de ville ; le rappel bat dans les sections et les quartiers populeux se lèvent. Une force armée considérable se masse à la place de Grève. Les municipaux mettent en liberté Payan, Nicolas, Taschereau et autres, tous ceux dont le Comité de salut public a ordonné l’arrestation. La situation est tragique : d’un moment à l’autre, la Convention peut être assaillie dans son palais par l’armée révolutionnaire ; elle n’a pour défenseurs que ses postes de grenadiers et cent cinquante invalides indisciplinés[1].

Par prudence, le Comité de sûreté générale se débarrasse de ses prisonniers : sauf Hanriot, gardé à vue, tous les autres sont évacués : Couthon est conduit, en fiacre, à la prison de Port-Libre[2] ; Saint-Just à celle des Écossais ; Robespierre, escorté de l’huissier Filleul et des deux gendarmes Chanlaire et Lemoine[3], est emmené, en fiacre également[4], à la prison du Luxembourg ; son frère et Le Bas sont dirigés vers la Force. La malheureuse Élisabeth Le Bas, anxieuse, le cœur tremblant, s’y rend deux heures plus tard ; elle a entassé sur une voiture du linge, un matelas, un lit de sangle, une couverture, pour épargner à son cher Philippe le sordide coucher du cachot. Devant la prison, un

  1. Sur l’indiscipline des invalides chargés de la surveillance de la Convention, v. Archives nationales, C 354, 1848. La pièce est de fructidor.
  2. L’Hôpital de la Maternité actuel.
  3. Déclaration du gendarme Chanlaire, 2e rapport de Courtois, 113.
  4. Déclaration de Guiard, concierge de la prison du Luxembourg, WIA 79.