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plus d’honneur à sa fougue qu’à sa stratégie, laissant ses gendarmes dans la rue, il s’est précipité, suivi de Deschamps et d’un autre, et, bousculant huissiers, employés, garçons de bureau éperdus, a foncé jusqu’au salon où quelques agents gardent ceux qu’il vient délivrer. Mais la porte se referme derrière lui ; il est saisi, lié de cordes, désarmé, ainsi que ses deux acolytes. On le traîne, écumant mais immobilisé, au Comité de salut public.

La foule grossit autour des Tuileries, s’attroupant dans les cours, sur la terrasse, au pied du grand amphithéâtre élevé pour la cérémonie de l’Être suprême ; on l’a conservé en vue de la fête de Bara et Viala qui devait être célébrée le lendemain et qu’un vote de la Convention vient de reporter, en raison des événements, à une date ultérieure. Les groupes, curieux des nouvelles, piétinent sous l’écrasante chaleur, dans les remous d’air brûlant et les nuages de poussière. Tout est très calme autour du palais ; la Convention a suspendu sa séance. Un peu avant six heures, Le Bas est emmené par des agents de la Sûreté générale, jusqu’à son domicile pour assister à l’apposition des scellés[1]. Vers sept heures, Hanriot, toujours lié de cordes, traverse les cours, escorté de gendarmes qui le reconduisent au Comité de sûreté ; il est hué au passage. Peu après on apprend que l’Assemblée est rentrée en séance : début lugubre : les nouvelles

  1. « Ils nous prirent… une correspondance qu’ils ont trouvée dans les papiers de mon pauvre mari, concernant les vols et les rapines faits en Belgique par ces misérables Danton, Bourdon de l’Oise, Léonard Bourdon et d’autres. Jamais on n’en a parlé ; ils ont tout fait disparaître… » Récit de madame Le Bas.