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à l’assaut de la Convention. Par malheur, dans l’emportement de sa vaillance, il se trompe de direction et se rue, en une galopade effrénée, vers le faubourg Saint-Antoine, quartier parfaitement paisible, d’ailleurs, et dans l’ignorance absolue des événements ; aussi l’ébahissement des habitants du faubourg est grand à la vue de ces cavaliers qui semblent être en déroute et fuir à bride abattue vers Vincennes, tout en criant : « Aux armes ! Les coquins, les scélérats triomphent ! » Les gens rentrent chez eux, plus effrayés qu’enhardis par cette façon d’enflammer les courages. Ils revoient passer Hanriot qui, remis enfin dans la bonne voie, retourne à la place de Grève, entraîne les gendarmes postés devant la Maison commune et, toujours courant, criant, jurant, jetant l’alarme, se dirige par la rue Saint-Honoré vers le Comité de sûreté générale.

Le siège de ce Comité n’était pas aux Tuileries même, mais dans un grand hôtel tout voisin du château et communiquant avec lui par un couloir en planches[1]. C’est là qu’avaient été conduits, au sortir de la Convention, Robespierre et ses quatre compagnons ; ils y dînaient quand, soudain, vers cinq heures et demie, – un grand tumulte, une ruée dans l’escalier, des bruits de sabres cognant les marches, – la porte est brutalement poussée : Hanriot apparaît. Avec une impétuosité qui fait

  1. L’hôtel de Brionne, telle était l’ancienne désignation de ce bâtiment, touchait presque au pavillon de Marsan et empiétait sur l’une des cours des Tuileries, à peu près là où se trouve aujourd’hui le Musée des Arts décoratifs. On aperçoit très nettement l’hôtel de Brionne dans la célèbre estampe de Mécou, d’après Carle Vernet et Isabey, La Revue du quintidi.