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la victoire… À l’époque où nos armées étaient dans une situation critique, cet homme, pour calomnier ses collègues, a déserté le Comité de salut public qui, sans lui, a sauvé la Patrie… » Pantelant, honni, acculé sous les injures et les malédictions, le malheureux rugit : on le voit, égaré, montant avec fureur les gradins, comme cherchant où se cacher et clamant : « La mort ! la mort[1] ! » Une voix s’élève[2] : « Tu l’as mérité mille fois ! » Et lui, répète, halluciné, implorant le coup de grâce : « La mort ! la mort ! »


EXTRAIT DE « LA RÉVOLUTION FRANÇAISE » AVRIL 1901
Communication de M. Noël Charavay.

Le décret d’accusation est proposé dans le tapage : toute l’Assemblée debout acclame la motion en un élan unanime. Maximilien, rassemblant ses forces, râle : « Président d’assassins !… Une dernière fois, donne-moi la parole[3]… – Vous l’avez entendu, citoyens ! » appuie Barère, s’adressant au public des tribunes dont l’attitude, d’abord favorable à Robespierre, se tourne contre lui à mesure que sa cause apparaît perdue. Des profondeurs aux combles, l’immense salle sonore retentit d’un assourdissant brouhaha ; l’atmosphère surchauffée en est suffocante.

  1. Le Républicain français, p. 2523.
  2. Celle d’André Dumont.
  3. Le mot n’est pas au Moniteur. On y trouve seulement cette mention : – « Robespierre apostrophe le président et les membres de l’Assemblée dans les termes les plus injurieux. » Le Républicain français du 10 (page 2523) cite l’apostrophe de Robespierre en ces termes : – « Président, comment faut-il que tu te trouves aujourd’hui à la tête des assassins ? » Aucun de ces deux journaux ne rapporte le mot fameux : – « C’est le sang de Danton qui t’étouffe ! » ni l’appel de Robespierre à la droite : – « C’est à vous, hommes purs, que je m’adresse. » Il est bien probable qu’elles[sic] n’ont pas été prononcées, du moins textuellement ; quelque arrangeur aura traduit par ces formules devenues légendaires, certaines bribes de dialogue, moins caractéristiques, échangées dans le tumulte entre Robespierre et ses collègues.