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salle : « C’est ce que nous réclamons tous ! » Panis, à bout de peur, supplie qu’on lui apprenne si sa tête est menacée ; Billaud-Varenne intervient : « Que le discours qu’on vient d’entendre soit soumis aux Comités avant d’être imprimé… » – Eh ! quoi ! gémit Robespierre, on enverrait mon discours à l’examen des membres que « j’accuse » ! Dans les murmures qui grondent, un cri s’élève : « Nommez-les donc ! – Oui ! oui ! nommez-les ! » insistent plusieurs voix. Mais Maximilien est buté. La révolte de cette assemblée, qu’il a menée naguère à la baguette, l’irrite et le déconcerte. Soit soumission, soit colère, soit mépris, il proteste qu’il ne veut prendre aucune part à ce que l’on décidera « pour empêcher l’envoi de son discours ». Tandis qu’il quitte la tribune et va s’asseoir à côté de Couthon, avec lequel il cause « d’un air inquiet[1] », les représentants s’échauffent. Il semble que la Convention se réveille ; tous ceux qui parlent contre Robespierre, contre les exigences de « son amour-propre blessé », sont applaudis. Le décret est rapporté : le discours ne sera pas envoyé aux départements. C’est l’échec. L’Incorruptible, qui s’est dressé au moment du vote, « se laisse tomber assis sur son banc », et le tremblant Mailhe, qui est tout près de lui, l’entend soupirer : « Je suis perdu[2] !  »

À cinq heures[3], il sort, vaincu, des Tuileries, et rentre chez Duplay où il dîne. On dit qu’il alla ensuite, avec les filles du menuisier, prendre l’air aux Champs-Élysées. La veille, déjà, il avait fait,

  1. Le Républicain français, n° 614, p. 3521.
  2. Baudot, Notes historiques, 123.
  3. Moniteur, réimpression, XXI, 331.