bureaux des secrétaires. Toute cette construction est élégante, en bois de tilleul et d’érable, ornée de chimères, de rosaces et de couronnes bronzées se détachant sur un fond vert antique ; les marches de la tribune sont d’acajou[1]. Le pourtour de la salle est revêtu, jusqu’à une certaine hauteur, d’une draperie verte bordée de rouge, tombant à grands plis ; plus haut, sur un fond ocre, huit grandes figures des Sages de l’Antiquité, peints à la détrempe[2]. Un opulent trophée de drapeaux pris à l’ennemi fait un dôme de glorieuses loques au fauteuil présidentiel, beau meuble, drapé « à la romaine », d’après les dessins de David[3].
C’est, ce jour-là, Collot d’Herbois qui l’occupe : Robespierre est à la tribune et lit depuis près d’une heure ; sa voix monotone, sèche et cassante, tombe dans un impressionnant silence, gros d’attente et de préventions. À quoi tendent ces périodes pompeuses ? Est-ce un manifeste de clémence ? Est-ce un acte de contrition, l’aveu des erreurs commises, un appel à la concorde, une attaque perfide, une déclaration de guerre, un aveu d’impuissance ? C’est tout cela, pêle-mêle, avec des retours, des redites, des réticences et, par endroits, des accents sincères de superbe mélancolie : ce discours, laborieusement écrit, manque de plan, plus encore de netteté. Tantôt une apologie personnelle : l’orateur insiste sur ses longs services et sur les dangers