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tranquillement dans Paris seraient sous peu guillotinés sans s’y attendre », et que de ce nombre étaient « beaucoup de députés[1] ». – Le fougueux Achard écrit de Lyon à son compère Gravier : « Nous sommes ici dans de vives inquiétudes ; nous ne doutons pas de la victoire… mais, il ne faudra pas se ralentir… point de pitié, du sang, du sang[2] ! » – Pourquoi Saint-Just, qui a emprunté 2.000 et quelques livres à son cuisinier Villers, promet-il de les lui rembourser « le 10 ou le 12 thermidor[3]  » ? – Pourquoi, au jardin Marbeuf, « cinq ou six jours avant le 9 thermidor », Le Bas dit-il à sa jeune femme : – « Si ce n’était pas un crime, je te brûlerais la cervelle et me tuerais ; au moins, nous mourrions ensemble… ! Mais non ! Il y a ce pauvre enfant[4] » ? Évidemment, les familiers de Robespierre attendent un événement dont l’issue leur paraît incertaine et, en ce 10 thermidor, qui approche, ils savent qu’interviendra la crise décisive.

Le 8, la situation se dessine : Robespierre qui, depuis plus d’un mois, s’est montré très rarement à la Convention, y vient ce jour-là : on dit qu’il va parler. À cette nouvelle, la salle, d’ordinaire assez vide, s’est remplie comme aux grands jours ; le public qui se presse dans les tribunes, dans le

  1. Dénonciation que fait l’assemblée populaire et républicaine de Maisons-Alfort. Deuxième rapport de Courtois. Pièces justificatives, n° 1.
  2. Papiers inédits trouvés chez Robespierre, II, 226.
  3. Archives nationales, F7 477547.
  4. Stéphane Pol, Autour de Robespierre. Récit d’Élisabeth Duplay, 136.