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qui achevèrent d’égarer sa résolution[1]. Il est vrai aussi que les « orgies » de Choisy ne l’empêchaient pas de suivre ses goûts solitaires, puisque, « huit jours avant thermidor », Bosc, un ami des Roland, caché dans les bois depuis près d’un an, et qui ne se risquait à en sortir que sous un déguisement, se trouva, dans les vignes de Puteaux, nez à nez avec l’Incorruptible : celui-ci le reconnut et murmura : « Je le croyais mort », tant il s’étonnait qu’on pût vivre encore après avoir pactisé avec ses ennemis[2]. Ce trait est plus conforme au caractère du portrait classique du personnage que l’avilissement des beuveries de Choisy. Néanmoins on ne peut récuser les témoignages concordants de cinquante habitants d’une commune, ni les aveux mitigés des compagnons de table de Robespierre[3].

Quelle pouvait être son attitude en ces réunions auxquelles prenaient part des paysans tels que le jardinier Baudement ou le violoneux Simon ? Comment abdiquait-il sa raideur habituelle pour ne point glacer l’entrain des convives de Fauvelle ou de Vaugeois ? Il détestait la trivialité, étant aristocrate dans l’âme : on l’avait vu, un jour, aux Jacobins, arracher de son front le bonnet rouge, dont un enthousiaste maladroit le coiffait, et l’on sait, d’ailleurs, que seul de ses contemporains, il n’adopta jamais les vêtements simples et amples, le

  1. Lacretelle, Précis historique de la Révolution française, cité par Dauban, Paris en 1794, 440.
  2. Fragment des Mémoires de Bosc conservé aux Archives du Muséum. Perroud, Mémoires de madame Roland, II, 527.
  3. Duplay, par exemple, reconnut qu’il était allé avec Robespierre chez Vaugeois, mais deux fois seulement. – « Le repas, dit-il, avait été de la plus grande sobriété. »