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de Danton et Fauvelle ont donné le ton et, depuis que le premier a disparu, c’est chez Vaugeois que se perpétue la fête : on y a vu naguère Hébert, le Père Duchesne ; on y voit maintenant Le Bas, Dumas, président du Tribunal révolutionnaire, Duplay, son fils et ses filles, Couthon, Saint-Just, Fouquier-Tinville[1]… On y voit surtout Hanriot qui vient « presque tous les jours de décade avec ses aides de camp », et revient même « dans le cours de la décade ». Ils arrivent à cheval et ainsi s’expliquent ces cavalcades désordonnées dont se plaignent les habitants de Maisons-Alfort, déplorant les accidents causés dans la traversée de leur village, par l’état-major du général, emporté dans un galop furieux[2].

Quand Robespierre était de la partie, on ne manquait pas d’inviter son garde du corps Didiée ; armé d’un sabre, bonnet rouge en tête[3], pour faire, aux yeux de ses concitoyens qui l’avaient connu aide-serrurier, ostentation de sa familiarité avec Maximilien, il lui « sautait au cou », le serrait dans ses bras[4], comme un ami très cher perdu depuis dix

  1. Il y venait aussi des personnages politiques qu’on s’étonne de rencontrer là. Le 15 mars 1794, l’espion anglais écrit à lord Grenville : – « Le 9 au soir, Robespierre, Sieyès et leurs partisans se réunirent à Choisy. Le 10 au matin, Hébert, Pache et Chaumette viennent les voir et obtiennent de faire payer 2.200.000 livres à la Commune… de prêter 100.000 écus à Hébert, etc. » Quelques jours plus tard, l’agent anglais écrivait : – « Il y eut une nouvelle assemblée à Choisy, le 12 mars ; Robespierre, Sieyès, Couthon, Barère, Saint-Just, Billaud-Varenne et Pache assistaient à la réunion. En sortant de la réunion le 13 à trois heures du matin, ils réunirent aussitôt le Comité de salut public… » Manuscripts of J. B. Fortescue, esq., preserved at Dropmore. Hébert fut arrêté le 13 mars et Chaumette le 17.
  2. Deuxième rapport de Courtois. Pièce justificative, n° 1.
  3. Archives nationales, F7 477541.
  4. Idem, enquête de Blache.