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on allait souffler sur la terrasse et visiter le château. Certain décadi on y trouva les jeunes gens du bourg qui dansaient ; les militaires, sortant de table, en compagnie du serrurier Didiée, de Vaugeois fils, d’Éléonore Duplay et de son frère Maurice, expulsèrent brutalement les danseurs, « ces fainéants » et, scandalisés du luxe de cette demeure royale, brisèrent les glaces du grand salon. Même la sévère Éléonore déclara « qu’il fallait une guillotine à Choisy[1] ». On peut presque sûrement dater cette scène de l’automne de 1793, car le procureur de la commune de Choisy, Beausire, ayant réclamé à Hanriot 50 francs en réparation du dommage causé par ses officiers, fut arrêté pour ce trait d’audace et resta en prison plus d’un an. Ce Beausire, personnage très peu recommandable, était le mari de cette fille Oliva, qui avait naguère joué le rôle de Marie-Antoinette dans l’escroquerie du collier de la Reine ; il avait à Choisy de nombreux partisans et, le lendemain de son arrestation, douze de ceux-ci venaient à Paris pour le réclamer au Comité de sûreté générale ; mais Didiée et Hanriot veillaient ; les solliciteurs furent tous coffrés avant d’avoir rempli leur mission[2].

Ainsi débuta la Terreur à Choisy ; elle allait refléter comme en un microcosme ce qui se passait à Paris : Vaugeois, fort de sa parenté, sera le Tibère de l’endroit : tantôt maire, tantôt, suivant sa fantaisie ou son intérêt du moment, président de la

  1. Archives nationales, W 500. Dépositions de Jacques Nourry, de Choisy-sur-Seine, et de Alexandre Huet-Sourdon, peintre, demeurant à Choisy.
  2. Archives nationales, W 500. Justification de Beausire.